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Présentation d'Athis-Mons
--> une histoire intimement liée aux souterrains
Quand vous venez en voiture depuis Paris, vous découvrez la ville à la sortie tunnel éclairé de lumières oranges qu’emprunte la nationale 7 sous l’aéroport d’Orly. Athis-Mons est une localité de 30 000 âmes de la Banlieue Parisienne Sud, située au bord de la Seine, en face de la forêt de Sénart, à une vingtaine de kilomètres de la Capitale. Son appellation sous ce nom composé est assez récente, puisque les villages jumeaux d'Athis-sur-Orge et de Mons-sur-Orge ne furent réunis qu'en 1817, à la suite d'une décision royale.


En fait, le petit village de Mons était une dépendance de celui d'Athis, dont il faut chercher les origines jusque dans la préhistoire. De nombreux vestiges de ces temps lointains ont été découverts à maintes reprises sur son territoire; et son nom même, sous la forme latine « Attegia », désigne les cabanes en branchages qui abritèrent les premiers occupants celtes à qui les « membres de la fraternité Attegia » rendent aujourd’hui un singulier hommage.


Cependant, la plus ancienne mention faite du village d’Athis et de son sous-sol relevée dans les documents est celle qui relate la translation dans ce lieu, en 845, des précieuses reliques de Sainte-Geneviève, Patronne de Paris, afin de les soustraire à la profanation des Normands. Ce qui fait qu'Athis est connu depuis 1000 ans au moins.


Au Xe siècle, le village de Mons-sur-Orge apparaît à son tour dans les documents d'archives. Hugues Capet et son fils Robert le Pieux confirment alors la donation faite à l'abbaye de Saint-Magloire « d'une terre à Mons, où croît un vignoble prolifique où la terre recèle bien des magies».


Un peu plus tard, en 1140, à l’endroit même où se trouvait l’entrée d’une vaste crypte, l'Abbaye Royale de Saint-Victor y fonda un Prieuré et édifia une église romane dont il ne reste plus maintenant que l'antique clocher, entièrement construit en pierres et classé pour cette raison au nombre des Monuments historiques depuis le 30 mars 1887.


C'est autour de cette fondation et du manoir féodal tout proche, transformé en château de plaisance dans le courant du XVIIe siècle, que se développa le village qui, malgré les guerres et les destructions, connut pourtant de longues années de tranquillité.


Deux siècles plus tard, en 1305, Athis entre dans l'Histoire de France. C'est ici qu'est signé entre les envoyés du Comte de Flandres et ceux du roi Philippe Le Bel (celui la même qui détruisit l’Ordre du Temple) le « traité d'iniquité », qui, envenimant les relations Franco-Flamandes, annonce la Guerre de Cent Ans. On l’a vu, c’est durant cette période qu’on note la présence des premiers habitants dans les souterrains pour échapper aux pillards et aux épidémies.


Un sol d'une fertilité extraordinaire, particulièrement apte à la culture du blé, une longue ligne de coteaux entièrement couverts de vignes dont les produits étaient parmi les plus réputés de toute l'Ile-de-France, un air si pur qu'un très grand nombre de nourrissons y étaient envoyés chaque année sur l'indication des médecins de Paris et enfin une situation des plus agréables firent jadis d'Athis-Mons une localité privilégiée, habitée par des personnages de marque qui venaient fréquenter les plages et les guinguettes du bord de Seine. Aujourd’hui l’air d’Athis-Mons est un peu moins pur du fait des tonnes de kérosène brûlé dans son ciel par les avions de l’aéroport d’Orly. Les quais de Seine où jadis on venait depuis Paris pour se baigner ont été saccagés par l’industrie dans la plus grande indifférence des équipes municipales successives.


Sous l'ancien Régime, Athis et Mons groupaient au plus 300 habitants; et en 1817, date de leur réunion, la population totale était de 700 personnes. On relève la présence d’un noyau de « 30 à 50 sinistres individus » ayant trouvé abris dans les souterrains de Juvisy et d’Athis-Mons. Un accroissement notable de l’ensemble de la population attegienne fut enregistré après 1870, consécutif à l'établissement d'une importante entreprise industrielle : les Forges et Aciéries d'Athis-Mons. Mais la cause principale de l'extension démesurée et de la prospérité de cette commune suburbaine fut la construction, en 1884, de la première Gare de triage de Juvisy dont les installations s'étendent entièrement sur le terroir d'Athis-Mons.


Entre 1898 et 1932, Athis-Mons connaît une forte urbanisation. Toute la partie basse du pays (Athis-Val), entre les voies ferrées du triage et les sinuosités des rivières de l'Orge et du Mort-Ru, se couvrit de cabanons et de pavillons occupés surtout par des employés et ouvriers. Ceux qui n'ont pas encore de logement investissent les nombreux souterrains dont beaucoup sont mis à jours lors des constructions de lotissements.


D'un côté, le monde agricole plutôt ancré sur le plateau cède la place aux lotissements populaires. De l'autre, un monde ouvrier entre le Quai de l'Orge et le significatif Quai de l'Industrie sur la Seine qui, on l’a vu, n’est plus aujourd’hui qu’une berge sale et déserte. Enfin, les maisons de campagne sur le coteau, à Mons surtout, accueillent les Parisiens le dimanche et l'été qui viennent se baigner dans la Seine bordée de petites plages et de guinguettes.


Mais ce mouvement de construction et d'expansion, ralenti par la Grande Dépression, est anéanti le 18 avril 1944: 45 minutes de bombardements visant la gare de Juvisy, tuent 300 personnes et laissent près de 4000 sinistrés et des amas de décombres dans le Val. Il faut reconstruire entièrement ce quartier... et construire de nouveaux logements en série (le F.F.F., 1450 logements construits entre 1958 et 1960). Mais dans l’urgence, entre 50 et 100 attegiens se seraient réfugiés dans les souterrains que certains qualifieront de « bidonville troglodyte ».


Les travaux liés à la réédification de la gare de triage et à l'aménagement de l'aéroport de Paris-Orly durent jusqu'aux années 60. Athis-Mons suit alors le rythme soutenu de construction de la banlieue parisienne pour aboutir au visage qu'on lui connaît aujourd'hui, une ville de banlieue comme les autres qui de village est devenue ville dortoir, avec ses zones pavillonnaires mais aussi des cités HLM comme les 3F (à la gestion sociale très efficace) ou l’intolérable « Athégienne » (intolérable car en 2003, la température de certains des appartements de cette société n’excèdent pas 14 degrés ; la direction raccroche au nez des locataires qui s’en plaignent …sic !). Il faut toutefois souligner les efforts de réhabilitation du patrimoine bâti consenti par les municipalités pour améliorer le cadre de vie, mais pas assez en tous les cas pour faire remonter à la surface « ceux du dessous ».


En 1988, une dizaine d’habitants affirmèrent ouvertement vouloir « intégrer la fraternité Attegia » persuadés qu’une communauté vivait depuis des siècles dans les souterrains. Ils investirent le Coteau des Vignes à la recherche des entrées comblées par les gravats de la mystérieuse Attegia, établissant leur campement au milieu du bois. Les ennuis ne tardèrent pas à venir et prirent la désagréable apparence d’agresseurs masqués et armés qui décapitèrent une nuit les trois chiens des campeurs en laissant ce charmant message : « On vous enverra au fond plus vite que vous ne le pensez ». Beaucoup pensèrent que cet acte barbare était l’œuvre d’un groupuscule d’extrême droite basé à Juvisy qui avait ses habitudes dans un bar à l’enseigne celtisante. Coïncidence, une semaine plus tard, des militants d’extrême droite des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (les JNR dirigées par le tristement célèbre cogneur Batskins qui a longtemps sévi dans la tribune Boulogne du Parc des Princes) furent lynchés en 1988 par des groupes antifascistes lors du festival de soutien aux travailleurs immigrés organisé à Juvisy sur Orge.




En réaction, et par prudence, le centre de gravité d’une partie des groupes locaux de jeunes fascistes (Legio 88), se déporta de l’autre côté de la Seine, à Draveil, et se transforma en groupuscule ésotérisant se faisant appeler « Les Magiciens ».


Ces jeunes, (souvent issus de très bonnes familles aux relations politiques influentes) se réunissaient la nuit dans le parc de « Paris-Jardin » (une résidence privée) et se réclamaient, je cite, d’ « un réalisme fantastique inspiré par les écrits secrets légués à notre fraternité de magiciens par le Maître Pauwels ». Faisaient-ils allusion à Louis Pauwels qui fut directeur du Figaro-Magazine, ce Pauwels qui deux ans plus tôt avait désigné les étudiants manifestant contre la loi Devaquet en 1986 – et plus généralement les nouvelles générations - comme frappés de «sida mental» ? Il y a de grandes chances : l’homme avait vécu à Juvisy, comme on le verra plus tard. Quoiqu’il en soit, le Pauwels dont il est fait état par « les Magiciens » ne peut que partager avec eux un conservatisme bon teint sur lequel le directeur du Figaro-Magazine n’aurait pas craché, lui qui et ouvrit un temps les colonnes de son journal à la aux fascistes de la Nouvelle Droite française, représentée en particulier par Alain de Benoist, fondateur du GRECE


Paradoxalement, la communauté Attegia était à la fois ennemie et objet de fascination de ces Magiciens qui menèrent quelques « raids » nocturnes dans les souterrains d’Athis-Mons, sous l’emprise de drogues dures et d’alcool. Finalement, la jeunesse dorée et désoeuvrée de Draveil grandit et oublia la Fraternité Attegia qui tomba elle aussi dans l’oubli l’espace d’une décennie tout entière.



Ecrit par Tessa, le Vendredi 17 Septembre 2004, 17:38 dans la rubrique Actualités.