« Il m’est impossible de vous dire le sens des évènements que je vais vous conter. J’en ai été tour à tour le témoin, la victime –consentante-, et dans une certaine mesure un des auteurs. Mais je ne voudrais pas rendre mon rôle plus intéressant qu’il ne l’a été en réalité. Je crois pouvoir affirmer aujourd’hui qu’aucune société secrète répondant au nom d’Attegia n’a réellement existé dans l’histoire passée sous la forme qu’elle revendique, mais je ne peux pas m’avancer pour ce qui est du présent. Je peux affirmer qu’aucune ville de banlieue parisienne n’est menacée par la présence d’une communauté souterraine, mais je ne peux pas affirmer que la croyance aux mondes souterrains ne soit qu’un mythe sans réelle conséquence pour notre monde apparent.


En vérité, je ne peux pas vous dire le fond de ma pensée, car je ne sais pas encore décrypter la somme d’informations collectées autour de cette affaire. Je peux dater. Je peux dire quels jours. Je peux dire quelles heures, quels lieux, mais je ne peux pas dire pourquoi tout cela m’est arrivé à moi. Mais le sort semble m’avoir désigné pour décrire la réalité d’Attegia et il m’a ainsi accordé une marque de confiance dont nul ne m’avait jamais témoigné, même dans mon putain de lycée. Je m’emploierai donc à essayer de vous conter minutieusement, telle que je la découvre, la fascinante réalité.


Je pourrais commencer par dire que c’est précisément un lundi que je ferais pour la première fois intervenir Attegia dans mon univers personnel. Je parle ici de la vraie Attegia, pas des multiples rumeurs fantaisistes qu’elle s’est elle-même créées pour mieux se cacher. C’est par Attegia que j’ai fait la rencontre de celle que j’appellerai « Banshee » Pandora-Migny sur un forum internet. C’est elle qui m’a révélé et expliqué les tenants et les aboutissants de la fausse controverse physico-psychique liée à « la problématique des interfaces spatio-temporelles entre mondes distincts » inventée de toute pièce par un génial disciple de Sokal pour un scénario de B-D : Tom o’Guën.




Par la suite, Banshee et moi sommes devenus amis IRL, mais il a fallut quelques mois pour qu’elle m’accorde sa confiance et qu’elle me parle de ce précieux et très secret manuscrit dont elle traque sans répit la trace sur le web depuis de longues années. C’est un livre qui aurait le pouvoir de bouleverser durablement le monde et dont la copie originale est entièrement rédigée à la main : cette copie est désignée par l’appellation « manuscrit Lamartia ». Il comporterait à ce jour pas moins de 5600 pages et serait entreposé dans la salle hyper protégée de la « Bibliothèque Arkadin », à la température contrôlée, située dans une immense propriété privée de 650 000 hectares de pâturages en dans un bout du monde épargné par la pollution parsemée de lacs et de majestueuses forêts qui constituent d’uniques refuges écologiques sur la planète : la Patagonie. Je ne doute pas un seul instant que la Bibliothèque Arkadin et le manuscrit Lamartia, ne soit qu’un seul et même mythe. Mais inventé par qui et pour quoi ? Qui prendrait tant de temps et d’argent pour faire exister cette fiction et lui donner une réalité palpable ? Qui aurait du temps a gaspiller pour inventer une telle mystification sans en tirer quelconque gloire, et pourquoi ?


Le processus d’écriture du grand livre Lamartia tient en un mot : il n’est jamais terminé, car la vérité est aussi infinie que l’est la connaissance humaine. Le contenu du livre est une description érudite, un essai philosophique, un panorama sociologique, une immense enquête d’investigation sur les grands et petits secrets et mensonges historiques, politiques et économiques des deux siècles derniers. Pour des raisons évidentes, l’identité des auteurs n’est pas révélée. Banshee soupçonne par exemple l’écrivain Romain Gary d’avoir participé à cette folle entreprise.


En effet, un chapitre entier du Lamartia serait constitué par un roman fantastique (« Restez-derrière le Glaive » signé Shatan Zaga) qui décrit en détail l’assassinat à Paris à la fin des années 70 d’une actrice américaine soutenant le mouvement des Black Panthers. Les assassins sont des tueurs franco-vietnamiens appartenant à un réseau terroriste clandestin eux-mêmes manipulés par des agents américains en poste à l’OTAN. Toujours dans le roman, un an après le décès de sa femme, le mari de l’actrice se suicide d’une balle dans la bouche et découvre qu’il était en fait le personnage d’un roman d’amour écrit par une femme désespérée par l’assassinat maquillé en suicide de son mari, un écrivain maudit, ancien pilote et héros de guerre hanté par la vision des bombes qu’il a largué sur la gare de triage de… Juvisy en avril 1945 ! Curieuse coïncidence, s’il en est…


Il est claire que l’auteur de ce roman a pris pour modèle de son héroïne l’actrice Jean Seaberg, épouse de l’écrivain Romain Gary, retrouvée « suicidée » et dont le cadavre nu a été découvert à l’arrière d’une voiture, après y avoir passé 15 jours en plein Paris. Cet obscur roman publié à compte d’auteur en 1980 porte en exergue cette phrase laconique : « On ne saurait mieux dire… ». Banshee a découvert ce roman sur un site anonyme qui ne comportait que l’intégralité du texte. Elle a depuis retrouvé un l’original de ce roman (en le payant à prix d’or). Or l’exemplaire était dédicacé a un inconnu d’un désinvolte « Lis-ça Narvalo et pleur comme moi j’ai pleuré »… par Romain Gary !. C’est ce faisceaux d’indices qui a fait pensé à Banshee que Gary ait pu être l’auteur de « Restez-derrière le Glaive »


L’une des clefs de Lamartia, par delà son aspect romanesque, est que le contenu en est disséminé à tout vent sur la toile numérique, l’internet. Ceux qui tombent par hasard, comme moi, sur les morceaux recopiés de cette fresque et qui reconnaissent en elle des lambeaux d’une vérité camouflée, deviennent des gamers accrocs à jamais. Les secrets contenus valent tout autant que les chemins qu’on emprunte pour les découvrir ; ils ne peuvent être livrés d’un seul coup aux consciences car leur utilisation deviendrait nocives aux mains d’esprits mauvais. Ces secrets exigent sagesse, patience et persévérance, qualités qui servent en quelque sorte de filtre contre les esprits fanatiques du retour sur investissement immédiat. Attegia n’est qu’une parcelle de Lamartia, un sas pour pénétrer des secrets bien plus vastes. Attegia est une fraternité poétique qui s’est inventée pour chercher les siens c’est à dire ceux qui sont susceptible de pouvoir s’associer pour reconstituer Lamartia.


Il y a de par le monde des centaines de gamers tout au plus qui sont en quête des secrets de Lamartia. Je ferai évidemment pas de révélations. Je pourrais bien vous mettre sur la piste, par exemple, d’évènements étranges qui se sont déroulés dans la région de Sintra au Portugal et qui nous révèlent l’horrible emprise mondial de « The Thetan and Bohemian Club of the Clearscream Fiduce» mais qui comprendrait ? Et puis, je le sais, on m’accusera d’être devenu fou et de poursuivre des chimères. Justement, tout l’intérêt de Lamartia, son ultime secret, est que ce live n’existe peut-être pas, qu’il est inventé de toute pièce, et que par conséquent, ce sont ceux qui le cherchent qui l’inventent, et ceux qui le réfutent qui participent à le crédibiliser. Tous ceux d’Attegia, et plus largement tous ceux qui cherchent Lamartia, vous le diront d’ailleurs en cœur : « Nous n’existons pas, le but de notre quête est une mystification », mais déjà leur négation est-elle partie intégrante d’un plan qui rend vaine toute tentative de décrédibilisation de Lamartia. Certains paraphraseront Keiser Sozé, un personnage de film hollywoodien, qui disait à la fin d’une intrigue machiavélique que « le plus grand tour du diable était de nous faire croire qu’il n’existait pas », alors qu’à la fin de l’histoire, ce personnage se révélait être lui-même le diable. Certains voudront voir dans Lamartia autre chose qu’une assemblée d’artistes qui aiment fabriquer l’illusion de la réalité pour mieux démontrer qu’elle est avant tout une question de perception.


Cela me rappelle que certains croient dur comme fer à cette théorie du complot délirante affirmant que c’est le faux documentaire de William Karel (« Opération Lune » diffusé en 2002 sur Arte) qui aurait donné l’idée au ministre de la défense Donald Rumsfeld de monter un faux attentat sur le territoire américain pour l’attribuer aux ennemis de l’Amérique (sic !). Ce documentaire relatait comment Stanley Kubrick avait été engagé par le gouvernement américain pour tourner en studio les premiers pas d’Armstrong sur la lune. Donald Rumsfeld ayant effectivement participé au documentaire-fiction de William Karel, certains théoricien du complot en ont déduit qu’il avait repris l’idée de mystifier le public à des fins politiques un 11 septembre 2001: on le voit, l’‘illusion peut devenir réalité pour d’autres et par conséquent toute réalité peut-être envisagée comme illusion, ce qui ne veut pas dire que la vérité n’existe pas. Mais pour la trouver, il faut parfois emprunter les voies par lesquelles les mensonges et les illusions ont conduit certains esprits à les considérer comme vérité absolue. Et c’est là tout l’objet du livre Lamartia.


Quoiqu’il en soit, Lamartia est déjà rentré dans l’histoire comme un de ces livres maudits ou traqués dont l’existence est moins importante que le fanatisme dont font preuve ceux qui le recherchent pour le détruire. Car il est clair que si ce livre est recherché par certains, dont je fais partie, par plaisir du jeu, il est clair qu’il représente une menace pour d’autres, notamment pour de prestigieuses institutions financières. C’est parce qu’il n’existe peut-être pas que ce livre est dangereux. C’est un livre maudit.




Le thème récurrent de livres secrets systématiquement traqués, cachés ou détruits a toujours nourri le fantasme collectif. Beaucoup de romanciers s’en sont inspirés.


James Redfield, écrivain de seconde catégorie, a eu l’occasion de comprendre combien le filon était juteux : Son médiocre manuscrit auto-édité, en anglais : « Les Neufs Révélations », « La prophétie des Andes »” en français, synthèse simpliste de physique quantique, de bouddhisme zen, de psychologie populaire, et de techniques de méditation, est devenu un immense succès mondial. « Les Neufs Révélations » met en scène la quête d ’un manuscrit caché depuis des siècles dans la Cordillère des Andes et dont le contenu peut bouleverser le destin de l’humanité.




Un autre auteur, génial celui-là, puisqu’il s’agit d’Umberto Eco, a également connu un succès mondial avec son magnifique thriller médiéval “ Le Nom de la Rose ” qui met en l’enquête que mène au Moyen-Age Guillaume De Baskerville pour retrouver le mystérieux chapitre d’un manuscrit d’Aristote à l’origine de meurtres horribles dans une abbaye.




Sur le thème des libres cachés ou maudits ont également écrits des auteurs aussi divers que Sax Rohmer (dont je vous parlerai plus tard comme l’inventeur du terrible personnage du Dr Fu Manchu , chef de sociétés secrètes nées d’une guerre contre l’Empire colonial britannique), Edgar Wallace, Arturo Pérez-Reverte, Daniel Easterman, Howard Phillips Lovecraft. Je voudrais vous parler de Lovecraft, que je kiffe particulièrement..




Lovecraft (1890-1937), à travers deux romans et dix-huit nouvelles, décrivait avec les couleurs du cauchemar, un monde où l’ensemble des monstres du folklore européen comme les sorciers et autres vampires, les légendes et fables de l’Antiquité et des religions orientales comme provenant d’un culte secret unique : le mythe d’un tradition primordiale et unique si cher à l’extrême-droite.


Lovecraft inventa également un livre intitulé Necronomicon et en attribua la paternité à un auteur arabe imaginaire: Abdul Al Azred. Le Necronomicon aurait la particularité de rendre fou ses lecteurs. Lovecraft n’a jamais essayé de faire croire que ce livre avait existé dans la réalité comme nous le démontre un extrait de cette lettre qu’il a adressé en mai 1936 à deux correspondants qui semblaient croire qu’ils étaient sur la piste d’un exemplaire du Necronomicon:




“ A propos du Necronomicon, juste ciel ! J’étais persuadé que vous saviez qu’il s’agissait d’un ouvrage purement imaginaire ! L’annonce où vous avez lu qu’il était à vendre au prix de A 1, 45 dollars était une plaisanterie : je ne sais pas qui l’a faite, mais je soupçonne cependant le jeune Bloch. Tous les mystérieux livres maudits cités dans les magazines d’histoires fantastiques sont imaginaires. J’ai inventé le Necronomicon, Clarck Ashton Smith a imaginé le Livre d’Eibon, Robert E. Howard est responsable de l’Unaussprechlichen , Kulten, Searight a “ découvert ” les Eltdown Shards, Bloch est à l’origine de Vermis Mysteriis de Ludwig Prinn, comme le choquant Culte des goules, et ainsi de suite...


[...] je suis opposé à l’idée de monter un véritable canular qui ne ferait que semer la confusion et gênerait l’étude sérieuse du folklore. Je me sens un peu coupable à chaque fois que j’apprends que quelqu’un a perdu son temps à chercher un exemplaire du Necronomicon dans les bibliothèques publiques ”.




Malgré les démentis de Lovecraft, aujourd’hui encore, beaucoup de gens croient à l’existence du Necronomicon. C’est à ce type de mystification que Banshee a tenu échapper en se réfugiant dans une clandestinité dorée pour s’adonner à sa recherche de Lamartia. Si des livres imaginaires suscitent ce genre de réactions, elle sait pertinemment que la publication de son livre participerait à la crédibilisation d’un univers littéraire qu’elle sait douteux et dangereux. Je ne parle pas du genre fantastique, mais d’écrits bien réels, ésotériques et exotériques, dont l’existence fait l’objet de nombreuses manipulations.




Banshee m’affirme que trois ouvrages du vingtième siècle ont provoqué, alors qu’ils prétendaient établir une description critique des sociétés secrètes et initiatiques, une formidable publicité pour l’occultisme. (Elle rejoint en cela les thèses de Kauffer et Saligot exposées dans leur « marché du diable »).




Ces trois livres sont / Les sept têtes du Dragon vert (1933), Le Matin des magiciens (1960), et Le Pendule de Foucault (1990).






Les Sept Têtes du dragon vert



Les Sept Têtes du dragon vert est signé de Teddy Legrand qui signa en 1936 un second ouvrage Magiciens, envoûteurs et guérisseurs, avant de disparaître. “ Ceux qui savent ” prétendent que Teddy Legrand est mort empoisonné, accréditant la thèse très répandue que certains livres ne sont pas à lire, ni à écrire, que ceux qui dévoilent les secrets des sociétés secrètes s’expose à la mort. Mieux vaut alors obéir; comme le conseille la légende qui veut que l’écrivain Saint-Yves d’Alveydre ait reçu en 1885 l’ordre, sous peine de mort, de détruire son dernier ouvrage : Mission de l’Inde en Europe et Mission de L’Europe en Asie. La question des Mahatmas et sa solution. L’écrivain obéit. Un exemplaire unique échappe cependant à la destruction. C’est à partir de cet exemplaire que l’éditeur Dorbon le réimprime en 1909. En 1940, les Allemands détruisent tous les exemplaires de cette réédition. Pour la légende, c’est un livre “ maudit ”.




Une autre légende : en 1897, les héritiers de l’écrivain Stanislas de Guaita reçurent l’ordre, sous peine de mort, de détruire quatre manuscrits inédits de l’auteur sur la magie noire, ainsi que ses archives. Ordre exécuté. Les exemples sont nombreux.


Et les mystères s’épaississent autours du Livre de Toth, des Manuscrit de Voynich ou celui de Mathers, la Stéganogaphie , des Stances de Dzyan.




Que contenait Les Sept Têtes du dragon vert pour que son auteur Teddy Legrand est pu être empoisonné? Publié l’année même de la prise de pouvoir d’Hitler, le livre décrit une très puissante organisation secrète à la fois responsable de l’avènement du nazisme en Allemagne et du communisme en Russie. L’apparent simplisme de cette fiction cache en fait des informations depuis vérifiées : les relations entre le parti Bolchevik et le haut état-major allemand durant la guerre 14-18 ont bien existé.




En réalité, Les Sept Têtes du dragon vert a été écrit par deux spécialistes de l’occultisme, Pierre Mariel et Arnaud de Vögue, sur demande des officiers du Service de Renseignement français, ancêtre du SDECE, afin de « griller » plusieurs opérations secrètes des services spéciaux russes et allemands. Teddy Legrand n’a jamais existé.




On le voit, le livre initiatique est un genre aussi peu innocent que possible...






Le Matin des magiciens




Le Matin des magiciens, auquel j’ai fait référence plus haut du fameux Pauwels et de son ami Bergier a été publié en 1960 et fut un énorme succès. Son influence se fond avec l’émergence “d’une “ contre-culture ” née de la mouvance gauchiste et du mouvement hippie. Le Matin des magiciens est une formidable encyclopédie de l’inexplicable nous invitant, non pas à croire au fantastique mais à nous poser la question d’une explication possible de phénomènes fantastiques. Les grands thèmes abordés sont les différentes écoles philosophico-ésotériques et les grandes sociétés secrètes, les enseignements des grands maîtres, les civilisations disparues, les racines occultes du nazisme, l’astrologie.


Changer le monde par le réalisme fantastique, les grandes énigmes et le nouveau paradigme, c’est ce que voulaient faire Bergier et Pauwels en rédigeant Le Matin des magiciens. Ils l’ont peut-être fait sous certains angles inattendus...




En effet, Jacques Bergier (dont le visage a servi de modèle à Hergé pour le personnage du savant russe illuminé Mik Edzanitoff de la revue Comète, “ agent de liaison entre la Terre et une autre planète ” dans l’album Vol 714 pour Sidney), Bergier donc, personnage fascinant et romanesque, a lancé des rumeurs folles mais crédibles qui ont été très prises au sérieux par les services secrets russes et américains au temps de la guerre froide.


L’une d’elles concernait le sous-marin américain USS-Nautilus qui se serait rendu le 25 juillet 1959 sous les glaces de l’Arctique et dont la mission aurait été de réaliser une expérience de télépathie entre deux médiums, l’un dans le sous-marin, l’autre au Pentagone. Les résultats e l’opération aurait été positif ! Cette histoire n’a rien d’authentique et pourtant, elle a inquiété les officiels russes qui se sont empressés de développer des recherches en parapsychologie. Un rapport de la DIA, Paraphysic R&D - Warsaw Pact (référence DST-1810S-202-78), la DIA étant un des services-secrets militaires américains (Defense Intelligence Agency) américains), décrit cette rumeur comme étant à l’origine de la création d’un laboratoire consacré à la télépathie au département de psychologie de Leningrad. Un organisme appelé Institut d’automation et d’électrométrie, connu également comme le Département n°8 fut dirigé en URSS par le Capitaine Vitali Perov. L’institut sera fermé en 1969 et remplacé par un institut du KGB l’année suivante.




Mais si ce rapport de la DIA existe, c’est à cause de la création de ces laboratoires ! En effet, l’ampleur des recherches russes a décidé les Américains à lancer leur propre recherche ( au cas où existeraient vraiment des phénomènes psychiques paranormaux !). Les Américains investirent donc plus de 20 millions de dollars destinés à l’utilisation de médiums à des fins d’espionnage...


Mais comment les Soviétiques ont-ils appris la vraie-fausse affaire du Nautilus inventée par Bergier ? Selon les services de renseignements américains, c’est à par le biais d’un article paru dans la célèbre revue de vulgarisation scientifique et pourtant rationaliste Science & Vie, article écrit par l’éminent journaliste Gérard Messadié, premier selon eux à avoir relayé la rumeur (Science et Vie n°509, février 1960). Peut-être l’article n’était-il pas innocent...




La leçon a tiré de cette histoire est c’est que la rumeur peut changer le monde. Surtout celles qui ont attrait au paranormal, et il en va pour les croyances ésotéristes et occultistes, les OVNIS et autres croyances irrationnelles.


Les livres ayant traitant à ces sujets font partie d’un genre qui volontairement ou non participent à la propagation de croyances et de rumeurs qui influent sur le cours du monde... un genre aussi peu innocent que le genre des livres dits initiatiques, dont Le Pendule de Foucault calque la structure pour mieux la dénoncer. Mais, comme nous allons le voir, ce livre a participé comme les deux précédents a amplifié un phénomène de croyances peu rationnelles...






Le Pendule de Foucault




Le Pendule de Foucault de Umberto Eco, publié en 1990, nous raconte l’histoire de trois amis qui travaillent dans une maison d’édition milanaise qui désire lancer une collection sur les savoirs ésotériques, alchimiques et hermétiques. Les trois personnages naviguent alors avec ironie dans l’univers des sociétés secrètes, et empruntent les courants souterrains de la culture occidentale qui fantasment sur le culte d’un savoir ancien et qui voient dans l’histoire des Rose-Croix, des Templiers, des francs-maçons, des Kabbalistes, et autres illuminés de Bavière le déroulement d’une seule et même histoire initiatique : le mythe d’une tradition primordiale et unique. Les trois amis, beaucoup plus intelligents que les auteurs fanatiques qu’ils lisent, imaginent par jeu, un complot planétaire élaboré au fil des siècles pour la domination du monde. Mais tout se joue comme si le complot existait réellement et les trois amis vont subir la vengeance des “ diaboliques ”. Voici les conclusions que tire un des personnages de l’histoire :




“ [...] Dans les mots croisés les mots se croisent et ils doivent se croiser sur une lettre commune. Dans notre jeu, ce n’étaient pas les mots qui se croisaient, mais des idées et des faits ; les règles étaient donc différentes, et il y en avait fondamentalement trois.




Première règle, les idées se relient par analogie. Il n’y a pas de règles pour décider au départ si une analogie est bonne ou mauvaise, parce que n’importe qu’elle chose est semblable à n’importe qu’elle autre sous un certain rapport [...] La deuxième règle dit en effet que si tout se tient, le jeu est valable [...].




Troisième règle : les connexions ne doivent pas être inédites, dans le sens où elles doivent avoir déjà été posées au moins une fois, mieux encore si elles l’ont été de nombreuses fois, par d’autres. C’est ainsi seulement que les croisement semblent vrais, parce qu’ils sont évidents [...].




Je me rappelais une phrase que m’avait dite Lia à la montagne, quand elle me reprochait d’avoir joué à un vilain jeu : “ Les gens sont affamés de plans, si tu leur en offres un, ils se jettent dessus comme une meute de loups. Toi, tu inventes et eux, ils croient. Il ne faut pas susciter plus d’imaginaire qu’il y en a. ”




[...] Nous, nous avons inventé un Plan inexistant et Eux, non seulement ils l’ont pris pour argent comptant, mais ils se sont convaincus d’en faire partie depuis longtemps, autrement dit ils ont identifié les fragments de leurs projets désordonnés et confus comme des moments de notre plan scandé selon une irréfutable logique de l’analogie, de l’apparence, du soupçon ”.




Dans un entretient accordé au Figaro du 5 février 1990, la journaliste Laurence Vidal dit à Umberto Eco : “ Et curieusement, ce roman pastiche, ces amalgames rocambolesques qui vont des templiers à Hitler en passant par les rose-croix, les kabbalistes, Shakespeare ou Napoléon ne sont pas plus tirés par les cheveux que certains livres sur ces sujets qui prétendent dire vrai.


- Oui. Et mon roman continue, répond Umberto Eco


- C’est à dire ?


- A travers tous ces gens (“ les diaboliques ” dans mon roman) qui le lisent et, loin d’y voir l’ironie, y trouvent une confirmation de leurs idées et m’envoient des documents incroyables pour appuyer des thèses qu’ils croient conforme à la mienne ! ”




C’est pour échapper aux délires de ces diaboliques que j’ai moi aussi décidé de quitter Athis-Mons et de m’installer dans la semi-clandestinité, rejoignant ainsi l’univers de Banshee pour me consacrer avec elle tout entier à nos recherches. Grâce à l’amour que nous partageons, aux moyens financiers conséquents, et à l’accès illimité dont elle dispose à la collection de livres privées Arkadin, nous pouvons tous deux assouvir notre passion qui vaut mieux que toutes les pourritures dont cette putain de télévision m’a bourré le crâne depuis l’enfance.




Banshee me parle rarement de la « bibliothèque Arkadin » unique au monde dont elle semble avoir la clefs. Elle l’évoque toujours de manière évasive et avec humour. Mai il suffit que j’évoque un livre, ou un genre de livre, pour que l’existence de cette bibliothèque devienne concrète : le surlendemain elle m’en procure les scannes couleurs. La seule information qu’elle m’a donné à son sujet, et elle est de valeur, est que cette bibliothèque est une collection privée secrète qui aurait été crée dans les années 50 par le marchand d’armes Bazil Zaharoff puis rachetée par « X-K», un financier multimilliardaire philanthrope inconnu du grand public comme de la presse financière et dont le regretté Loup Durand s’est inspiré pour écrire le personnage de roman Reb Michael Klimrod (« le Roi Vert ») pour le compte de l’homme d’affaire Paul-Loup Sulitzer. Le scientifique Carl Sagan s’en est également inspiré pour inventer le milliardaire Hadden dans son roman adapté au cinéma par Robert Zemeckis sous le titre « Contact ». C’est « X-K » lui-même qui a baptisé sa collection « bibliothèque Arkadin », clin d’œil au cinéaste Orson Welles qui s’était inspiré de Bazil Zaharoff pour le personnage de son film « Dossiers secrets : M. Arkadin ».




Chose étrange, quelques années après la parution du « Roi Vert », la CIA se serait à son tour inspirée du personnage de cette fiction, lui-même inspiré de « X-K », pour inventer, In Real Life, Georges Soros, le médiatique financier « philanthrope » crée en réalité au service de la politique étrangère américaine grâce aux fonds blanchis d’une grande banque mafieuse mise en faillite. C’est du moins ce qu’évoque à demi-mots un informateur luxembourgeois dans le film de Denis Robert et Philippe Harel « Journal intimes des affaires en cours ». Pour comprendre comment l’environnement financier international a permis une telle mystification il faut lire les autres excellents livres du très perspicace et talentueux écrivain Denis Robert : « Révélation$ » et « la Boite Noire ».




Banshee et moi avons bien entendu évoqué la possibilité que « X-K » soit l’unique inventeur de Lamartia, mais cela n’enlève rien l’intérêt que nous portons à ce livre, bien au contraire. L’immense et inestimable bibliothèque d’X-K est à elle-seule une source de trésors et de secrets infinie dont Lamartia serait en quelque sorte la synthèse géniale faite par un fou. Mais peut-être n’en saurons nous jamais rien.




Chaque jour, je peux me plonger dans l’une des plus grandes collections du monde de livres anciens, rares et sacrés. J’ai accès à des livres uniques, de véritables joyaux de l’histoire humaine totalement inconnus des centres de recherche, tels que ces nombreux fragments de textes esséniens, des versions éthiopiennes complètes du Livre d’Hénoch, sa traduction grecque du chapitre 91, ainsi que trois chapitres en Araméen. J’ai pu toucher des manuscrits sur vélin des Actes des apôtres en copte, un fragment du Diatesson en syriaque, des manuscrits de la Bible des Septante datant du II ème siècle, des évangiles apocryphes, de rares Talmuds de Babylone et de Perse... Autres trésors de la collection Banshee : les « forgeries », « falsifications », « contrefaçons », en bref des faux, tout particulièrement ceux de l’époque médiévale. La valeur de cette collection est inestimable, le faux étant source de « contre-histoire », il a aussi une histoire et devient, à son tour, témoin d’une époque et possède donc une valeur historique prisée des spécialistes. En bref, cette collection rassemble autant de pièces uniques dont la révélation de l’existence, aux mains d’une seule femme, ferait un véritable scandale ! Il ne manque plus que Lamartia à cette collection.




Je voudrais, et Banshee s’associe à ce geste, saluer et remercier tous ceux qui nous aident au quotidien dans notre quête à garder la tête froide, et ils sont si nombreux à s’être attelés à la tâche qu’il nous faut cette longue liste pour les remercier : Gesellschaft zur wissenschaftlichen Untersuchung von Parawissenschaften, Skeptic Society, Alternativa Racional a las Pseudociencias, Philadelphia Association for Critical Thinking, CSICOP, JREF, Australian skeptics, San Diego Association for Rational Inquiry, National Capital Area Skeptics, "S" Files, CICAP, Union Rationaliste, Association française pour l'Information Scientifique, Laboratoire de zététique de l’Université de NICE, Institut Métapsychique International, et autre Fondation pour l'étude et l'information sur les rumeurs, remerciements à Teddy Mc Wilders, Kevin I. Randall, Sophie E. Carretero, Syd Levinson et Delphine H.Geisler de The Uqbar Funds, à Barbara Montagne-Saint-George-de-Lorette (Fondation Pandora-Migny), aux muses miraculées des temps passés, Sandrine Oisel, Lynda El Kolli et Laurence Léonard, au Grand Veneur Gérard Moisan (seul homme au monde à avoir couru sur les poutres de la Tour Eiffel),à Sukin. A X-K. A eux tous j’adresse tous nos remerciements». erwinklinger@hotmail.com